
Caroline Mesquita
Caroline Mesquita repousse les frontières de l’art en transformant ses sculptures en acteurs de récits immersifs. Entre films et installations, elles brouillent les lignes entre arts plastiques, théâtre, danse et musique, créant des scènes poétiques à forte dimension narrative et visuelle.
"Pour Caroline Mesquita, une sculpture n’est jamais seulement une sculpture. À la fois instruments de musique, éléments de décor et protagonistes de performances filmées, les objets qu’elle crée refusent joyeusement de se restreindre à une identité́ définie. Par ses films et ses installations dans l’espace, la jeune sculptrice crée des ponts entre mondes différents, en supprimant les traditionnelles lignes de démarcation entre musique, arts plastiques, théâtre et danse.
Depuis le diplôme aux Beaux-Arts de Paris en 2013, Caroline Mesquita poursuit sa quête d’une identité́ multiforme et changeante, questionnant les frontières du corps, des matériaux qu’elle utilise ainsi que du medium sculptural lui-même. La déconstruction et la recomposition incessantes de l’identité́ de ses personnages se matérialisent à travers la fragmentation de leur corps robotique en manque de coordination.
Danseuses, musiciennes, mécaniciennes, pilotes d’avion, cuisinières... Les protagonistes des fables sculptées de Caroline changent régulièrement de vie et de statut, dans une tentative constante d’échapper à leur destinée et de briser tout type de déterminisme social, géographique ou de genre. Le film est, pour l’artiste, l’espace par excellence de la subversion des hiérarchies : ici les sculptures sont à̀ la fois manipulées et manipulatrices. Elles prennent le dessus sur leur créatrice et s’approprient ses gestes, en la caressant, la peignant ou la découpant."
Elena Cardin, extrait d'un texte
"Considérant qu’une sculpture n’est pas seulement sculpture, et cherchant toujours à̀ repousser les frontières de sa pratique, Caroline Mesquita invente des situations inédites à l’intérieur de chacune de ses expositions.
Avec un vocabulaire plastique figuratif, l’artiste conçoit des installations immersives envisagées comme des sculptures à l’échelle des lieux. Chaque exposition est l’occasion de créer une nouvelle situation et de dépasser le simple cadre de la sculpture pour proposer des environnements à échelle humaine qui semblent fusionner avec l’espace d’exposition jusqu’à̀ parfois se confondre.
Cherchant des solutions formelles et techniques qui lui permettent de travailler l’espace en grande dimension, Caroline Mesquita utilise aussi bien le papier, le carton, la pierre, souvent le métal, et principalement le laiton, pour singer une certaine réalité́ et créer des scènes à fort potentiel fictionnel et narratif. Chacun de ces récits prend à partie le visiteur amené́ à déambuler dans ces espaces, s’interrogeant parfois même sur leur origine, le laissant à la frontière de deux états. Entre songe et réalité́, plaisir et étrangeté́, solennité́ et espièglerie, les situations de Caroline Mesquita ne laissent jamais indifférent. Le visiteur devient un intrus curieux de ces situations où la réalité́ est déformée, placé face à̀ des sculptures-architectures énigmatiques. Il y côtoie des figures métalliques colorées anthropomorphiques, animalières et mécaniques, comme autant de protagonistes de découvertes archéologiques improbables, de scènes de catastrophe, de fêtes dansantes et carnavalesques et d’explorations chimériques.
Se créant un vocabulaire iconographique propre et une technique de réalisation hors des cadres de la sculpture classique, Caroline Mesquita réalise depuis quelques années des sculptures figuratives et colorées – personnages, félins, oiseaux – en feuille de laiton, comme on utiliserait du papier, pour produire rapidement des groupes de figures métalliques qu’elle peut ensuite faire interagir entre elles, avec elle et le spectateur."
Marie Dupas